Leishmaniose

Les leishmanioses sont des affections cutanées ou viscérales dues à des protozoaires flagellés appartenant au genre Leishmania de la famille des Trypanosomidæ...



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Maladie infectieuse tropicale - Infection parasitaire - Infection en dermatologie - Parasitologie médicale

Leishmaniose
CIM-10 : B55

Les leishmanioses sont des affections cutanées ou viscérales dues à des protozoaires flagellés appartenant au genre Leishmania de la famille des Trypanosomidæ et transmises par la piqûre de certaines espèces de phlébotomes, comprenant les mouches du genre Lutzomyia dans le Nouveau monde et Phlebotomus dans l'Ancien monde.

Forme cutanée de leishmaniose, dite «de Jéricho» à cause de sa fréquence dans la région de Jéricho

Historique

La maladie, aussi jadis appelée bouton d'Orient, Clou de Biskra, Bouton d'Alep, kala azar, fièvre noire, fièvre à phlébotome, fièvre Dum-Dum ou espundia n'a été totalement médicalement décrite qu'en 1901 par l'anatomopathologiste écossais William Boog Leishman, mais la transmission de la leishmaniose par certains de ses vecteurs (moucherons en l'occurrence) avait déjà été étudiée dès 1786 par l'italien Scopoli, sans qu'il n'ait cependant compris le rôle des phlébotomes[1]. Il faudra pour cela attendre les expériences des frères Sergent (de 1901 à 1904). La transmission de Leishmania infantum chez le chien ou l'Homme n'a été établie qu'en 1926 par Parrot et Donatien.

Parasite

La plupart des formes de la maladie sont transmissibles uniquement aux animaux, mais certaines peuvent être transmises aux humains (zoonose). L'infection humaine est génèrée par à peu près 21 des 30 espèces qui infectent les mammifères. Parmi celles-ci on regroupe le complexe de L. donovani avec trois espèces (L. donovani, L. infantum et L. chagasi)  ; le complexe de L. mexicana avec 3 espèces principales (L. mexicana, L. amazonensis et L. venezuelensis)  ; L. Tropica ; L. major ; L. æthiopica ; et le sous-genre Viannia avec quatre espèces principales (L. (V. ) braziliensis, L. (V. ) guyanensis, L. (V. ) panamensis, L. (V. ) peruviana. Les différentes espèces sont morphologiquement impossibles à distinguer, mais elles peuvent être différenciées par analyse des isœnzymes, analyse des séquences ADN, ou anticorps monoclonaux.

La leishmaniose viscérale est une forme sévère dans laquelle les parasites ont migré dans les organes vitaux.

Répartition géographique et épidémiologie

La leishmaniose peut être contractée dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux, et on la retrouve dans des régions relevant de 88 pays à peu près. Approximativement 350 millions de personnes vivent dans les zones d'endémie. Les conditions climatiques compatibles avec le développement de la leishmaniose sont particulièrement larges, allant des forêts tropicales d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud aux déserts d'Asie occidentale. Plus de 90 pour cent des cas mondiaux de leishmaniose viscérale se rencontrent en Inde, au Bangladesh, au Népal, au Soudan et au Brésil.

La leishmaniose est aussi retrouvée au Mexique, en Amérique Centrale, et en Amérique du Sud, du nord de l'Argentine au sud du Texas (sauf en Uruguay ou au Chili), l'Europe méridionale (la leishmaniose n'est pas répandue chez les voyageurs à destination de l'Europe méridionale), l'Asie (sauf le Sud-est asiatique), le Moyen-Orient, et l'Afrique (spécifiquement l'Afrique du Nord et de l'Est , avec quelques cas ailleurs). La maladie n'existe pas en Australie ou en Océanie.

La leishmaniose est présente en Irak et a été contractée par un certain nombre de soldats des troupes impliquées dans l'invasion de ce pays en 2003 et dans son occupation. Les soldats ont surnommé la maladie le furoncle de Bagdad. On a rapporté à l'Agence France-Presse que plus de 650 soldats des États-Unis auraient contracté la maladie entre le début de l'invasion en mars 2003 et fin 2004 [2], [3].

En 2004, on a calculé qu'environ 3400 hommes de troupe de l'armée colombienne, opérant dans la jungle du sud du pays (en particulier autour des départements de Meta et de Guaviare), ont été atteints par la leishmaniose. Apparemment, une des raisons qui a contribué à cette épidémie était le fait que plusieurs des soldats atteints n'avaient pas utilisé le produit répulsif, mis à leur disposition en raison d'une odeur prétendument désagréable. On estime que près de 13 000 cas de la maladie ont été enregistrés dans la totalité de la Colombie tout au long de l'année 2004, et à peu près 360 nouveaux cas parmi des soldats avaient été recensés en février 2005 [4], [5], [6].

En septembre 2005 la maladie a été contracté par au moins quatre marines hollandais qui ont stationné à Mazari Sharif, en Afghanistan et ont été rapatriés pour traitement.

Cycle parasitaire

Cycle parasitaire des Leishmanioses. Cliquer sur l'image pour agrandir

La leishmaniose est transmise par la piqûre des phlébotomes femelles. Les phlébotomes injectent la larve au stade infectieux, de promastigotes métacycliques, au cours du repas de sang (1). Les promastigotes métacycliques qui atteignent la plaie de piqûre sont phagocytées par les macrophages (2) et se transforment en amastigotes (3). Les amastigotes se multiplient dans les cellules infectées et atteignent différents tissus, suivant (du moins en partie) l'espèce de Leishmania qui est impliquée (4). Ces spécificités d'atteinte tissulaires différentes sont la cause des manifestations cliniques qui différent dans les diverses formes de leishmaniose. Les phlébotomes s'infectent pendant les repas de sang sur un hôte infecté lorsqu'il s ingèrent des macrophages porteurs d'amastigotes (5.6). Dans l'intestin du phlébotome, les parasites se différencient en promastigotes (7), qui se multiplient et se différencient en promastigotes metacycliques et migrent dans la trompe du phlébotome (8).

Cycle évolutif : http ://leish. ifrance. com/Utilitaires/Cycle. swf

Signes cliniques

Les symptômes de la leishmaniose sont des plaies cutanées qui apparaissent des semaines ou des mois après que la personne infectée a été piquée par le phlébotome. Parmi les autres conséquences, qui peuvent devenir manifestes n'importe lorsque à partir de quelques mois jusqu'à plusieurs années après infection, on compte la fièvre, l'atteinte de la rate et du foie, et l'anémie. Sur le plan médical, la leishmaniose est l'une des causes connue de splénomégalie (augmentation de volume de la rate), qui peut devenir plus grosse même que le foie. Il y a quatre formes principales de leishmaniose :

Leishmanioses viscérales

Article détaillé : Leishmaniose viscérale.

Dues à deux sous-espèces de Leishmania donovani : L. d. infantum et L. d. donovani , elles sont décrites sous le nom de kala-azar.

L'incidence mondiale est de l'ordre de 500 000 nouveaux cas annuels. Elles sont plus habituelles dans les pays du pourtour méditerranéen, au Brésil, au Soudan et dans la péninsule indienne.

Les réservoirs de L. infantum sont le chien, le renard et des autres membres de la famille des canidæ; l'homme est le réservoir unique de L. d. donovani . La transmission est principalement effectuée par la piqûre de phlébotomes infectés.

Le tableau clinique caractéristique de la maladie est celui d'une splénomégalie majeure anémiante avec teint cireux et fièvre, qui se forme en quelques mois d'évolution.

Le diagnostic de certitude est affirmé par l'identification du parasite dans les tissus. Plusieurs méthodes sérologiques sont disponibles avec une bonne fiabilité[7].

Leishmanioses cutanées

Article détaillé : Leishmaniose cutanée.

Dans l'ancien monde, elles sont dues à Leishmania major , L. tropica ou L. æthiopica . Elles portent des noms divers selon les régions :

Dans le nouveau monde, elles sont dues à Leishmania mexicana , L. panamensis , L. amazonensis , L. peruviana , L. braziliensis ou L. guyanensis .

Elles sont toutes transmises par la piqûre de phlébotomes infectés, et les réservoirs sont divers et pas forcément bien connus : certaines espèces de rongeurs, chiens, etc.

Le bouton d'Orient est une lésion d'inoculation du parasite par le phlébotome vecteur (Afrique du nord, Asie mineure, Amérique du Sud). Après 2 semaines d'incubation, apparait une papule prurigineuse qui s'ulcère puis prend l'aspect d'une furonculose située. Cette lésion est indolore et siège sur les parties découvertes du corps (le front par exemple). Le parasite est retrouvé dans le fond des ulcérations, il doit faire l'objet d'une recherche au microscope. Le traitement est local, il consiste en l'injection d'antimoniate de méglumine (en France : Glucantime®) tout autour de la lésion. Ces injections sont quelquefois renouvelées une deuxième fois si la lésion est profonde. Elles n'empêchent cependant pas la constitution, plusieurs semaines, mois ou années après, d'une leishmaniose viscérale.

Traitement

Il existe deux molécules fréquemment utilisées contenant de l'antimoine, l'antimoniate de meglumine (® Glucantim) et le stibogluconate de sodium (® Pentostam). On n'a pas totalement élucidé le mécanisme d'action de ces produits contre le parasite ; elles peuvent perturber son mécanisme de production d'énergie ou le métabolisme de la trypanothione. Malheureusement, dans énormément de régions du monde, le parasite est devenu résistant à l'antimoine et pour la leishmaniose viscérale ou cutanéo-muqueuse [8] l'amphotericine (® Ambisome) est désormais le traitement de choix. L'échec de l'Ambisome ® pour traiter la leishmaniose viscérale (Leishmania donovani) a été rapporté au Soudan [9]. Mais cet échec peut être attribué à des facteurs dépendants de l'hôte, telles la co-infection avec le VIH ou la tuberculose davantage que par la résistance du parasite.

La Miltefosine (Impavido®), est un nouveau médicament pour traiter la leishmaniose viscérale et cutanée. Le taux de bons résultats pour la miltefosine dans la phase III des essais cliniques est de 95% ; Des études en Éthiopie montrent qu'il est aussi efficace en Afrique. Chez les malades immunodéprimés atteints du VIH et qui sont co-infectées par la leishmaniose, il a été prouvé que même dans les formes résistantes 2/3 des patients réagissent à ce nouveau traitement. Des essais cliniques en Colombie ont montré un taux d'efficacité élevé pour la leishmaniose cutanée. Dans les formes cutanéo-muqueuses génèrées par L. brasiliensis ce traitement s'est montré plus efficace que d'autres molécules. La Miltefosine a reçu l'autorisation de mise sur le marché des autorités indiennes en 2002 et allemandes en 2004. En 2005 il a reçu la première autorisation pour la leishmaniose cutanée en Colombie. La Miltefosine est aujourd'hui évaluée aussi pour le traitement de la leishmaniose cutanéo-muqueuse génèrée par le L. braziliensis en Colombie [8] et les résultats préliminaires sont particulièrement prometteurs. Il est désormais autorisé dans de nombreux pays et c'est la première percée thérapeutique pour un traitement administré par voie orale pour la leishmaniose viscérale et cutanée [10] (More, et al, 2003).

En octobre 2006 il a reçu le statut médicament orphelin de la Food and drug administration des USA. La molécule est le plus souvent mieux tolérée que d'autres médicaments. Les effets secondaires principaux sont des troubles de gastro-intetinaux dans les 1 à 2 premiers jours du traitement ce qui n'affecte pas son efficacité. Dans la mesure où il est disponible pour un traitement par voie orale, il évite les dépenses et les inconvénients de l'hospitalisation, ce qui fait de lui une alternative intéressante.

L'institut pour la santé mondiale a développé la paromomycine, dont les résultats ont conduit à son inscription comme médicament orphelin.

L'initiative des médicaments pour les maladies négligées favorise aussi activement la recherche pour de nouvelles thérapeutiques. La leishmaniose résistante aux médicaments peut répondre favorablement à l'immunothérapie (inoculation d'antigènes du parasite associés à un adjuvant) qui vise à stimuler le propre dispositif immunitaire du malade pour éliminer le parasite [11].

Plusieurs vaccins potentiels sont développés, à la demande de l'organisation mondiale de la santé, mais aucun n'est toujours disponible en date de 2006. L'équipe du laboratoire de chimie organique à l'institut fédéral de technologie suisse (ETH) à Zurich essaye de concevoir un vaccin à base d'hydrates de carbone. [5]. Le génome du parasite Leishmania major a été séquencé [12] ce qui rend certainement envisageable l'identification des protéines qui sont utilisées par l'agent pathogène mais pas par les humains ; ces protéines sont les cibles potentielles pour des traitements médicamenteux.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. Thèse en ligne de l'Université de Toulouse portant surtout sur les puces et tiques comme vecteurs
  2. [1] http ://www. veteransforcommonsense. org/index. cfm?page=Article&ID=2377
  3. [2] http ://www. sptimes. com/2004/06/09/Business/Company_s_mesh_will_h. shtml
  4. [3]
  5. [4]
  6.  : : : : : [ Documentos / Informes ] - Servicio Jesuita a Refugiados / Venezuela / Acompañar, Servir y Defender : : : : :
  7. (en) A meta-analysis of the diagnostic performance of the direct agglutination test and rK39 dipstick for visceral leishmaniasis, F Chappuis, S Rijal, A Soto, J Menten, M Bœlært, BMJ 2006;333 :723
  8. Soto J, Toledo JT., «Oral miltefosine to treat new world cutaneous leishmaniasis», dans Lancet Infect Dis, vol.  7, no 1, p.  7 
  9. Mueller M, Ritmeijer K, Balasegaram M, Koummuki Y, Santana MR, Davidson R., «Unresponsiveness to AmBisome® in some Sudanese patients with kala-azar», dans Trans R Soc Trop Med Hyg, vol.  101, no 1, 2007, p.  19–24 [lien DOI] 
  10. Jha TK, Sundar S, Thakur CP et al. , «Miltefosine, an oral agent, for the treatment of Indian visceral leishmaniasis», dans New Engl J Med, vol.  341, 1999, p.  1795–800 
  11. Badaro R, Lobo I, Munõs A, et al. , «Immunotherapy for drug-refractory mucosal leishmaniasis», dans J Infect Dis, vol.  194, 2006, p.  1151–59 [texte intégral] 
  12. Ivens AC, et al. , «The genome of the kinetoplastid parasite, Leishmania major», dans Science, vol.  309, no 5733, 2005, p.  436–42 

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