Ehrlichiose canine

L'Ehrlichiose canine ou «Ehrlichiose à Ehrlichia canis» est l'une des nombreuses formes d'ehrlichioses animales. Elle a une distribution mondiale et est en particulier connue par ses manifestations hémorragiques chez les canidés.



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Bactériologie - Médecine vétérinaire

L'Ehrlichiose canine ou «Ehrlichiose à Ehrlichia canis » est l'une des nombreuses formes d'ehrlichioses animales.
Elle a une distribution mondiale et est en particulier connue par ses manifestations hémorragiques chez les canidés (saignements de nez fréquemment).
C'est l'une des dizaines de maladies vectorielles transmises par la morsure de tiques à l'homme et/ou à l'animal (maladies à tiques). La tique en cause semble presque toujours être la tique brune Rhipicephalus sanguineus qui est la seconde espèce de tique la plus fréquemment trouvée sur les chiens, et qui est aussi la plus commune au monde ; elle est présente presque partout entre le 50° de latitude Nord et le 35° de latitude Sud (sauf peut-être en Australie). C'est une tique, qui au stade adulte semble avoir un très fort tropisme pour le chien. On la trouve introduite par le chien jusque dans les habitations où elle peut quelquefois se nourrir sur les chats. Des études sérologiques ont montré qu'elle était particulièrement habituelles dans les chenils de la zone méditerranéenne surtout.

Il n'est pas certain que la bactérie Ehrlichia canis n'infecte que les canidés. Expérimentalement, l'infection interespèces (par inoculation artificielle ou par culture sur tissus) est envisageable pour plusieurs des ehrlichia, mais on ignore si la barrière des espèces est franchie dans la nature. On connait aussi mal la capacité de ces bactéries à échanger des gènes entre souches ou genres différents.

C'est une maladie infectieuse (bactérienne) vectorielle du chien, dont le «germe (bactérie)» est (comme pour l'ensemble des ehrlichioses) intracellulaire obligatoire (autrement dit qu'il ne peut se développer qu'au sein de certaines cellules de son hôte) La bactérie en cause ciblant les monocytes et , elle est par conséquent dite «à développement intramonocytaire».

En 1971, l'agent causal en a été isolé (rebaptisé Ehrlichia canis (E. canis) et une technique de culture en a été mise au point[1]. L'année suivante, un test sérologique par immunofluorescence indirecte était validé, donnant la possibilité une mise en évidence spécifique[2].

L'ehrlichiose canine pourrait éventuellement aussi, comme d'autres maladies à tiques aussi être une maladie émergente [3] qui touche des animaux proches de l'homme dont surtout le chien [4] [5] et la chèvre[6] [7].

Agent pathogène

Il a été découvert en 1935 en Algérie, par A. Donatien et F. Lestoquard dans le sang de chiens de l'Institut Pasteur d'Alger. Il a en premier lieu été baptisé Rickettsia canis [8]. Ces deux auteurs ont deux ans plus tard (en 1937) [9]démontré que cet agent été inoculé aux chiens par la tique Rhipicephalus sanguineus et que la bactérie infectait aussi des tiques et des chiens en France (à Montpellier et Marseille, mais on montrera ensuite que la bactérie est présente tout autour de la Méditerranée et dans le monde entier, en Afrique, Inde, Moyen-Orient, Etats-Unis, Antilles dès 1938). La rickettsiose canine comme d'autres rickettsioses ont ensuite été rebaptisées en ehrlichioses (nom rendant hommage au savant allemand Ehrlich).

L'ehrlichiose canine suscite un regain d'intérêt écoépidémiologique et de la part des militaires après qu'en 1968, une épidémie ait décimé les chenils et chiens de l'US Army durant la guerre de Vietnam (106). La forme clinique fulgurante observée au Vietnam fut appelée «pancytopénie tropicale canine »[10].

Il s'agit d'une petite bactérie Gram négatif, intracellulaire obligatoire : (Ehrlichia canis) , qui infecte préférentiellement (tropisme préférentiel), in vivo, les monocytes et les macrophages des chiens qui l'ont acquises (par inoculations par une tique).
Les progrès de la Biologie Cellulaire et Moléculaire ont récemment mis en évidences de multiples souches de cette bactérie dont la pathogénie devrait être bientôt mieux explorée et comprise.
Cette ehrlichiose est dite «monocytique», car les monocytes (et les macrophages) des malades sont sa cible, et présentent en vue au microscope des morulæ (sortes de minuscules kystes contenant jusqu'à plusieurs dizaines de bactéries agglomérées et ainsi protégées du dispositif immunitaire)

Suite à une révision récente de la classification, la tribu des Ehrlichieæ a quitté la famille des Rickettsiaceæ mais en reste particulièrement proche. (Les Ehrlichia sont toujours fréquemment appelées «rickettsies» au sens large du terme). La tribu est désormais partagée en 4 groupes génomiques et les Ehrlichia ont été rapprochées (suites aux études génomiques) des Wolbachia (seules bactéries connues comme capables de modifier le génome de cellules eucaryotes) et des Anaplasma.

Espèces touchées

De nombreuses espèces de canidés semblent accidentellement infectées, d'autres l'étant plus fréquemment et/ou jouant de manière plus ou moins asymptomatique un d'hôte-réservoir.

Distribution

Cette maladie a été diagnostiquée dans de nombreuses régions du monde, dont aux Etats-Unis, en Afrique, en Asie du Sud, en Inde et en Europe, surtout en France où elle sévit dans le pourtour Méditerranéen

Symptômes

Les animaux peuvent paraître cliniquement sains ou présenter des signes cliniques d'autres ehrlichiose dont celle causée par Ehrlichia chaffeensis [11].

La maladie se déclare le plus fréquemment en été, période où les tiques vectrices sont les plus actives.
De 1991 à 2005 la bactérie a été trouvée dans 75 départements français, sur 58 bovins, 2 hommes, 12 chevaux, 2 ongulés sauvages. Les symptômes étant peu spécifiques, la maladie est complexe à identifier.

Quelques cas d'ehrlichiose féline ont été observés, supposés en Europe transmis par les mêmes tiques que pour le chien (Rhipicephalus sanguineus ou Ixodes ricinus).

Diagnostic

L'isolement via des cultures cellulaires est réservé à la recherche et non utilisé par le diagnostic de routine.

En phase aiguë :

Classification

Différentes souches de cette bactérie ont été identifiées depuis les années 1990

En 2001, une réorganisation de l'ordre des Rickettsiales [13] a conduit Dumler et son équipe à supprimer la tribu des Ehrlichieæ, à reclasser le genre Ehrlichia dans la famille des Anaplasmataceæ ainsi qu'à modifier la description du genre Ehrlichia (maintenant réduit aux seules espèces du groupe génomique I).

Traitements

Pour les souches étudiées in vitro :

Le chien après et malgré un traitement à la doxycycline, quoiqu'apparemment guéri peuvt rester porteur de Ehrlichia canis et par conséquent contaminer des tiques qui pourront véhiculer la maladie.

Mesures prophylaxiques et de précaution

Épidémiologie, écoépidémiologie

Cultures

la mise en culture est surtout envisageable sur des lignées de macrophages de chiens (cellules DH82).

Critères bactériologiques

Ehrlichia canis présente des caractères bactériologiques proches de ceux des autres bactéries du genre Ehrlichia[14].

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie


Notes et références

  1. Nyindo Mba. Ristic M. Huxsoll D. L. et al. Tropical canine pancytopenia : in vitro cultivation of the causative agent- Ehrlichia canis. Am. J. Vet. Res. 1971.32 : 1651-1658.
  2. Ristic M. Huxsoll DL. Weisiger r. m. et al. Serological diagnosis of tropical canine pancytopenia by indirect immunofluorescence. Infect. Immun. 1972.6 : 226-231.
  3. Parola (P. ) et Raoult (D. )  : Ticks and ticklimite bacterial diseases in humans : an emerging infectious threat. Clin. Infect. Dis., 2001, 32, 897-928.
  4. Dawson (J. E. ) et Ewing (S. A. )  : Susceptibility of dogs to infection with Ehrlichia chaffeensis, causative agent of human ehrlichiosis. Am. J. Vet. Res., 1992, 53, 1322-1327
  5. Shaw (S. E. ), Day (M. J. ), Birtles (R. J. ) et Breitschwerdt (E. B. )  : Tick-limite infectious diseases of dogs. Trends in Parasitology, 2001, 17, 74-80
  6. Dugan (V. G. ), Little (S. E. ), Stallknecht (D. E. ) et Beall (A. D. )  : Natural infection of domestic goats with Ehrlichia chaffeensis. J. Clin. Microbiol., 2000, 38, 448-449
  7. Mæda (K. M. ), Markowitz (N. ), Hawley (R. C. ), Ristic (M. ), Cox (D. ) et McDade (J. E. )  : Human infection with Ehrlichia canis, a leukocytic rickettsia. New England J. Med., 1987, 316, 853-856.
  8. DAY M. J. Mechanisms of immunomodulation by ticks and tick-limite infectious agents. Proceeding Colloque Mérial Amsterdam Mars 2001. Maladies transmises par les tiques aux animaux
  9. Donatien A. et Lestoquard F.  ; État actuel des connaissances sur les Rickettsioses animales. Arch. Inst. Pasteur d'Algérie. 1937. 15 : 142-187.
  10. Nims RM. Ferguson JA.  ; Epizootiology of Tropical Canine Pancytopenia in Southeast Asia. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1971. 158 : 53-63.
  11. RIKIHISA (Y. )  : Clinical and biological aspects of infection caused by Ehrlichia chaffeensis. Microbes and Infection, 1999, 1, 367-376.
  12. Elias E. Diagnosis of ehrlichiosis from the presence of inclusion bodies or morulæ of E. canis. J. Small Anim. Pract. 1991. 33 : 540-543.
  13. Dumler (J. S. ), Barbet (A. F. ), Bekker (C. P. J. ), Dasch (G. A. ), Palmer (G. H. ), RAY (S. C. ), Rikihisa (Y. ) et Rurangirwa (F. R. )  : Reorganization of genera in the families Rickettsiaceæ and Anaplasmataceæ in the order Rickettsiales : unification of some species of Ehrlichia with Anaplasma, Cowdria with Ehrlichia and Ehrlichia with Neorickettsia, description of six new species combinations and designation of Ehrlichia equi and'HGE agent'as subjective synonyms of Ehrlichia phagocytophila. Int. J. Syst. Evol. Microbiol. 2001, 51, 2145-2165.  ; article de Dumler et al. à propos de la réorganisation de l'ordre des Rickettsiales par analyse de leurs ARNr 16S, et opérons groESL et l'analyse des gènes codant des protéines de surface
  14. Brouqui (P. ) Ehrlichia. In : J. Freney, F. Renaud, W. Hansen et C. Bollet : Précis de Bactériologie Clinique, Editions ESKA, Paris, 2000, pp. 1651-1662.

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"Répartition de l'Ehrlichiose"

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