Rougeole

La rougeole est une infection éruptive aiguë. Elle atteint principalement les enfants à partir de l'âge de 5-6 mois, et elle est définitivement immunisante.



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Infection virale - Mononegavirales - Maladie en pédiatrie - Infection en dermatologie

Rougeole
Classification et ressources externes
CIM-10 B05
CIM-9 055
Éruption typique de rougeole.
Le signe de Koplik.
Symptômes sur peau noire (fillette nigérianne)

La rougeole (aussi nommée 1re maladie) est une infection éruptive aiguë. Elle atteint principalement les enfants à partir de l'âge de 5-6 mois, et elle est définitivement immunisante. Le nom de «première maladie» provient du fait qu'à l'époque où on a voulu établir une liste des maladies provoquant un exanthème infantile, elle a été la première à être énumérée.

Le virus de la rougeole

Le virus de la rougeole est un morbillivirus de la famille des Paramyxoviridæ. Il appartient à la même famille que le virus des oreillons. C'est un virus qui contient de l'ARN et dont l'unique réservoir est l'homme atteint de l'infection, même asymptomatique. Ce virus est rapidement inactivé par la chaleur (30 minutes à 56 °C) ou la lumière (ultra-violets). Qui plus est il est sensible à de nombreux désinfectants (l'éthanol à 70 % par exemple).

Mode de transmission

Le virus de la rougeole se transmet par les gouttelettes de toux en suspension dans l'air. Il peut aussi se propager par contact direct avec les sécrétions du nez ou de la gorge de personnes infectées. Le virus ainsi éjecté reste dangereux pendant au moins 30 min. Il survit peu de temps sur les objets et les surfaces.

La période de propagation du virus débute 2 à 4 jours avant la naissance de l'éruption cutanée. L'installation du virus dans l'organisme se fait au cours de la période d'incubation. Elle se poursuit ensuite au cours de la période d'invasion. Le risque de transmission est minime à partir du deuxième jour suivant la naissance de l'éruption.

Symptômes et évolution de la maladie

La rougeole se définit par quatre phases.

La première phase correspond à une incubation silencieuse de dix jours après la contagion.

La seconde phase est la période d'invasion. Elle dure à peu près quatre jours pendant lesquels l'enfant présente divers symptômes. Il est alors atteint d'une forte fièvre, son nez coule, il tousse, a les yeux rouges ou alors larmoyants, et peut être particulièrement irritable. Les douleurs abdominales, la diarrhée mais aussi les vomissements font aussi partie des symptômes. Pendant l'invasion, le sujet est contagieux et le signe de Köplick apparaît. Ce signe de Köplick est pathognomonique de la maladie, c'est-à-dire qu'il définit à lui seul le diagnostic clinique de la rougeole. Il consiste en la naissance sur la muqueuse buccale, à la hauteur des molaires, de petites taches rouges irrégulières avec un petit point central blanc. Ce signe est rare et fugace, fréquemment présent moins de 24 heures.

La troisième phase de la maladie est l'éruption. Elle dure en moyenne quatre à cinq jours et correspond à la phase d'état de la rougeole. L'éruption est caractéristique de la rougeole, et consiste en la naissance progressive de petites plaques rouges plus ou moins en relief, de quelques millimètres de diamètre, qui confluent en larges plages mais laissant toujours entre elles des intervalles de peau saine. Au premier jour de cette phase, l'éruption commence sur le visage, derrière les oreilles, puis couvre progressivement. Puis au 2e jour, elle atteint tout le visage, le cou, et la partie supérieure du thorax. Au 3e jour, le tronc et les membres supérieurs sont atteints. L'éruption couvre aux membres inférieurs à partir du 4e jour. Les démangeaisons sont rares. La fièvre reste élevée, puis s'atténue progressivement.

Durant la quatrième et dernière phase l'éruption cutanée laisse, avant de s'effacer, une coloration brune tirant sur le cuivre, et fait place à une desquamation fine visible quelques jours. La fièvre disparaît, mais la convalescence dure toujours une dizaine de jours durant desquels l'enfant, fréquemment fatigué, peut tousser.

Diagnostic différentiel

Généralement, la naissance des taches de Köplick et la progression caractéristique de l'éruption de la tête aux pieds suffit pour confirmer le diagnostic. Cependant, quand des doutes persistent, la méthode d'immunofluorescence sert à mettre en évidence ou non la présence du virus susceptible de se développer dans les cellules du pharynx ou celles contenues dans les urines après culture.

La rougeole peut être confondue avec la rubéole, la scarlatine, la roséole infantile, la mononucléose infectieuse ou encore une éruption d'origine médicamenteuse (exanthème multiforme)

Complications

Les formes les plus sévères de la rougeole apparaissent chez le jeune enfant souffrant de malnutrition, en particulier en cas d'apports insuffisants en vitamines A ou en cas de déficit immunitaire associé, tel le sida. De fait, l'enfant ne meurt pas directement de la rougeole mais de ses complications, telles encéphalite, diarrhées sévères ou pneumonies.

Les complications de la rougeole peuvent être de quatre ordres : respiratoire, neurologique, digestif et oculaire. Une des complications neurologiques est l'encéphalite post-éruptive ou post-infectieuse. Elle est la plus fréquente et survient 3 à 10 jours après l'éruption. Elle n'est pas due à une multiplication du virus dans le cerveau, mais elle est certainement expliquée par un mécanisme auto-immun. Un mécanisme auto-immun apparaît quand les anticorps attaquent nos propres tissus vivants. On en voit un cas pour 1 000 rougeoles et sa mortalité est de 10 %. Ce n'est par conséquent pas une rareté. Elle est responsable d'un décès pour 10 000 cas de rougeole.

Traitement de la rougeole

Traitement curatif

Le traitement curatif de la rougeole n'est pas spécifique à cette maladie. Le plus fréquemment, on donnera au patient de quoi soulager les différents symptômes, comme la toux, les démangeaisons ou la fièvre. En cas de surinfection bactérienne, un traitement antibiotique peut être administré. Cependant il n'existe à ce jour aucun traitement spécifique pour traiter cette infection virale.

Traitement préventif

Vaccination dans le monde

Virus au microcope électronique

En 2005, la vaccination concerne près de 77 % de la population mondiale, entraînant une réduction toujours accrue de la mortalité — moins de 345 000 décès cette année-là sur 20 millions de malades. La moitié des cas fatals se situant en Asie du Sud-Est , lieu où la couverture vaccinale est moindre[1].

Entre 2000 et 2005, plus de 300 millions d'enfants âgés de neuf mois à quinze ans ont été vaccinés ou revaccinés. Les politiques de vaccination systématique de masse ont pu être perfectionnées grâce à la mise en place de dispositif de stockage réfrigéré pour les vaccins ainsi qu'à la création d'un maillage de dispensaires. En Afrique tropicale et en Afrique équatoriale, il a été ainsi observé une diminution de près de trois quarts des décès passant de 506 000 à 126 000.

L'objectif de l'OMS et de l'Unicef, pour 2010, est de diminuer la mortalité à l'échelle mondiale de 90 % comparé aux chiffres de l'an 2000. Entre 2000 et 2007, le nombre de décès a chuté de 750 000 à 197 000 par an dans le monde, soit une baisse de 74 %, selon les calculs de l'Organisation mondiale de la Santé[2].

Vaccination en France

Article connexe : Dispositif de santé en France.

La vaccination est le meilleur traitement préventif actuel. Dans le cas de la rougeole, elle se fait à l'aide du virus atténué dont la virulence est diminuée par des opérations biochimiques.

En termes de prévention, une première dose du vaccin contre la rougeole est recommandée à l'âge de 12 mois. Le vaccin recommandé protège aussi contre deux autres maladies, la rubéole et les oreillons (c'est ce qu'on nomme un vaccin trivalent). Une deuxième dose de ce vaccin est recommandée entre 13 mois et 24 mois. Cette deuxième dose n'est pas un rappel, l'immunité obtenue après une première dose étant de longue durée. Elle forme un rattrapage pour les enfants n'ayant pas séroconverti contre la rougeole, la rubéole ou les oreillons après la première injection. Il existe des recommandations vaccinales spécifiques pour les professionnels de santé, les voyageurs ou les militaires. Les recommandations vaccinales françaises sont résumées dans un numéro spécial annuel du Bulletin épidémiologique hebdomadaire [3]. Un site Internet pourvu d'un moteur d'intelligence artificielle sert à prendre en compte la totalité des recommandations vaccinales pour une personne donnée [4].

En France, en 2003, 86 % des enfants de 2 ans étaient vaccinés. Ce taux est insuffisant pour éliminer la rougeole du territoire, mais il est complexe de l'augmenter. En effet, certaines personnes refusent de faire vacciner leurs enfants pour plusieurs raisons. Elles pensent quelquefois que le vaccin entraîne une baisse passagère des défenses immunitaires de l'enfant, le rendant alors plus vulnérable à d'autres maladies. D'autres redoutent que la vaccination entraîne une production d'anticorps limitée dans le temps, ce qui pourrait entraîner la naissance de la maladie à des âges où elle est plus sévère et grave (chez l'adulte ou le nourrisson si la mère n'est plus immunisée). En réalité, deux injections vaccinales espacée au minimum d'un mois dès l'âge d'un an procurent une immunité à vie.

Mais ces arguments s'opposent à ceux favorables à une vaccination massive des enfants. Selon l'OMS, la vaccination est sans danger. Avec la grande population mondiale aujourd'hui vaccinée depuis de nombreuses années, on dispose aujourd'hui de suffisamment de recul pour bien connaitre les bénéfices et complications de ce vaccin. Si l'ensemble des enfants sont vaccinés, la maladie disparaîtra d'elle-même. Il n'y aura par conséquent plus de risque pour les autres classes d'âge. Enfin, le principal argument en faveur de la vaccination est qu'elle autorise l'enfant d'éviter la maladie et par conséquent ses éventuelles complications qui peuvent être particulièrement dangereuses.

La vaccination présente par conséquent un bon rapport bénéfice/risque dans la mesure où elle sert à se protéger contre la maladie sans risque pour sa santé. De plus, en France, le vaccin est remboursé jusqu'à l'âge de 13 ans.

Épidémiologie

Perçue comme une maladie bénigne chez un sujet en bonne santé dans les pays développés, la rougeole est en fait une maladie particulièrement grave chez les enfants sous-nutris ou vivant dans de mauvaises conditions d'hygiène : en 1999, 873 000 personnes sont mortes de cette maladie et 345 000 en 2005, principalement dans les pays en développement. Dans ces pays, la mortalité est particulièrement élevée, immédiate (1 décès sur 10 cas en zone rurale africaine) ou retardée (par aggravation secondaire de la malnutrition). Les infirmités sont nombreuses, les cécités (à la suite de kératites) s'ajoutant aux encéphalopathies.

Avant l'arrivée de la vaccination au début des années 1960, la rougeole était la première cause mondiale de mortalité par infection (135 millions de cas annuels entraînant 6 millions de décès) [5]. La mortalité en a été divisée par 3 à la fin des années 80, près de 10 ans après une politique de vaccination de masse [6]. Il reste cependant toujours de très nombreux cas de rougeole en raison d'une couverture vaccinale non optimale ainsi qu'à cause de l'échec de la vaccination dans près de 15 % des cas[7].

En Amérique, des campagnes de vacination ont permis d'interrompre la transmission de la maladie sur tout le continent, le dernier cas endémique au continent étant en 2002[8]. Depuis, quelques cas isolés de rougeole sont rapportés chaque année, importés par des voyageurs infectés à l'étranger.

En Europe des épidémies sévirent en 1840, 1860 et 1880. En 1998, l'Organisation mondiale de la santé a fixé pour objectif d'ici 2007 l'élimination de la rougeole en Europe. En effet, l'incidence de la rougeole en France était toujours de 18 000 cas en 1998 due certainement à l'insuffisance du taux de couverture vaccinale. La surveillance de l'évolution de l'incidence en France est effectuée par le réseau Sentinelles de l'Inserm. Elle est faite, en Europe, par Euvac. net[9]. Cet organisme a comptabilisé plus de 12 000 cas de rougeoles en 2006-2007, près de 85% d'entre eux concernant uniquement cinq pays (Roumanie, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Suisse) [10].

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Has the 2005 measles mortality reduction goal been achieved? A natural history modelling study, Lara J Wolfson, Peter M Strebel, Marta Gacic-Dobo, Edward J Hœkstra, Jeffrey W McFarland, Bradley S Hersh, Lancet, 2007; 369 :191-200
  2. Relevé épidémiologique hebdomadaire de l'OMS du 5 décembre et La mortalité rougeoleuse baisse de 74%, 4 décembre 2008, Organisation mondiale de santé. Consulté le 7 décembre 2008
  3. http ://www. invs. sante. fr/beh/2009/16_17/beh_16_17_2009. pdf
  4. http ://www. mesvaccins. net/
  5. Global Epidemiology of Infectious Diseases, Clements CL, Hussey GD. Measles In : Murray CJL, Lopez AD, Mathers CD, eds. Geneva : World Health Organization, 2004
  6. Expanded Programme on Immunisation, Kejak K, Chan C, Hayden G, Henderson RH, World Health Stat Q 1988; 41 : 59-63
  7. (en) The effect of dose and strain of live attenuated measles vaccines on serological responses in young infants, Cutts FT, Grabowsky M, Markowitz LE, 1 : Biologicals, 1995;23 (1)  :95-106
  8. (fr) Élimination mondiale de la rougeole, OMS, 13 avril 2009
  9. Site d'EUVAC. NET, réseau de surveillance européenne des maladies infectieuses évitables par vaccination
  10. Muscat M, Bang H, Wohlfahrt J, Glismann S, Mølbak K, the EUVAC. NET group, Measles in Europe : an epidemiological assessment, Lancet, 2009;73 :383-389

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